La Plateforme Paysanne Locale (PPL) est une association qui depuis 2013 collecte des produits directement auprès de producteurs locaux. Elle propose un service de livraison aux professionnels (restaurants, épiceries et crèches) à Marseille et ses environs. Vijay est l’un des fondateurs et gère actuellement la structure.
QUELLE A ÉTÉ TA RÉACTION AU DÉBUT DU CONFINEMENT ?
L’annonce du confinement a été un coup dur pour nous car cela nous mettait en grande difficulté : on a perdu du jour au lendemain 80% de nos clients (restaurants, crèches, …) !
Après consultation de l’ensemble des salariés, la Plateforme a décidé de maintenir son activité, en adaptant le temps de travail, pour approvisionner nos clients encore ouverts (les épiceries) et continuer à soutenir nos producteurs partenaires.
POUR LA PPL, QU'EST-CE QUI A CHANGÉ ?
Une nouvelle organisation en interne
Comme nous ne travaillons qu'avec des professionnels, nous faisons très attention quand nous allons collecter les produits chez les producteurs et en livraison : nous appliquons les gestes barrières (masque, gant, distance de sécurité...).
Au niveau du personnel, nous sommes une petite structure (quatre personnes au total) : nous travaillons en équipe réduite, deux personnes à la fois. Au final cela fait beaucoup de travail pour deux mais pas assez pour quatre !
On fait des journées très denses, de mon coté j'essaye de cadrer ma journée de travail pour pouvoir rentrer tôt et passer du temps avec ma famille, qui est confinée à la maison.
L’activité habituelle continue
Pour l’activité, finalement c’est étonnant, le volume a pas mal diminué mais se maintient à un niveau que nous ne soupçonnions pas. Les commandes des épiceries ont un peu augmenté, et deux nouveaux clients ont ouvert leurs points de vente mi-mars juste avant le début du confinement. De plus, des restaurateurs et particuliers ont mis en place des commandes groupées, pour eux et leurs voisins.
Finalement pour nous ça ne change pas beaucoup, mais tout ça reste très ponctuel...
Par manque de temps et de moyens financiers, nous n'avons pas lancé de nouveaux projets. Pourtant nous avons eu des demandes (beaucoup de particuliers nous ont réclamés des paniers car les acteurs sur Marseille sont débordés et ne peuvent pas répondre à toute la demande). Si la tendance des circuits courts se confirment à la sortie de crise, nous pourrions envisager de mettre en place de nouvelles choses.
Nos producteurs dans la grande majorité travaillent avec des magasins de producteurs, qui marchent bien en ce moment, du coup ils ne peuvent déjà plus répondre à la demande. Mais quand un producteur a des difficultés, on essaie de relayer son offre pour aider. Nous venons par exemple de référencer les bouquets de fleurs d’une productrice, car elle avait perdu tous ses débouchés (les fleuristes et les marchés sont fermés).
Grâce aux fleurs de Virginie Raes la Plateforme prend un air champêtre
Une trésorerie qui reste fragile
En fermant brutalement, beaucoup de restaurants n’ont pas pu payer leurs dettes ; nous souffrons donc d’un manque de trésorerie important.
Heureusement nous avons la chance d'avoir les épiceries paysannes qui, conscientes de nos difficultés, nous soutiennent et nous payent presque sans délai, ce qui nous permet de pouvoir payer les charges de la structure et les producteurs dans les délais habituels.
QUELLE EST TA VISION A MOYEN TERME ?
Pour la suite et l’après confinement, même si c’est difficile de se projeter, nous avons deux craintes.
Comment va se passer la transition avec la reprise du travail pour la plupart des personnes aujourd’hui confinées ?
Nous craignons une baisse des nouveaux débouchés après le 11 mai, et les restaurants ne rouvriront sûrement que cet été… Pour nous et pour nos producteurs, les mois de mai et juin sont importants en terme d'activité avec les fruits et légumes d'été. J'espère que nous auront suffisamment de débouchés.
Quand et dans quelles conditions vont pouvoir rouvrir les restaurants ?
Nous sommes aussi très inquiets pour les restaurants avec lesquels nous travaillions habituellement. Beaucoup sont de petites structures, et je sais qu’avec le contexte actuel ils sont aujourd’hui en grande difficulté. J'espère qu’ils pourront tous redémarrer leur activité dans de bonnes conditions !