Jonathan a monté il y a 4 ans un réseau d’Échoppes, permettant d’organiser des petits marchés de producteurs locaux, alliant prévente en ligne et vente sur place.
COMMENT AS-TU VÉCU LE CONFINEMENT ?
“A l’annonce du confinement, j’ai tout de suite épluché les décrets, à priori on pouvait continuer, alors je l’ai annoncé sur notre page Facebook. Dès l’annonce, les commandes ont commencé à s’envoler, et ça continue encore."
En mars les ventes étaient à peu près 5 fois celles de février. Quand une deuxième ordonnance est venue interdire les marchés de plein air, Jonathan a eu des sueurs froides “après tout ce qu’on avait mis en place pour pouvoir continuer !”.
Re-épluchage de décret : les Échoppes ne sont pas des marchés, alors ça pouvait continuer (avec une autorisation des maires en plus, au cas où).
QU'EST-CE QUI A CHANGÉ DEPUIS ?
Explosion de commandes
Le nombre de commandes en ligne par vente est passé de 20 à 30 en moyenne, le panier moyen est passé de 30€ à plus de 50€, 500 nouveaux inscrits sur 2500 et beaucoup d’inscrits dormants qui sont passés à l’acte. Trois nouveaux producteurs se sont également ajoutés spontanément.
Les produits phares ? Les sacs de 10 kg de pommes de terre et la viande de bœuf. Un éleveur boucher à quadruplé ses ventes.
Si c’est encourageant pour les producteurs, depuis le week-end du 4 avril, les stocks commencent à manquer chez la maraîchère. Elle commence à stopper les commandes en avance, pour garder du stock pour les autres échoppes de la semaine.
Beaucoup de travail en plus
La mise en place des mesures exige beaucoup de travail de terrain en plus (Jonathan gère lui-même une échoppe) : mettre en place le fléchage au sol, le lavage des mains, etc. Une échoppe s’est mise en drive total pour protéger son public fragile. Lui fait des quarantaines de caisse et laisse l’argent liquide reposer quelques jours pour le désinfecter.
Il faut aussi répondre aux questions des nouveaux inscrits même si “étonnamment, je n’ai pas autant de demande d’assistance que j’imaginais, les gens ont peut-être plus le temps de bien lire le fonctionnement !”
Jonathan, développeur de son propre site, a également besoin de temps pour résoudre les problèmes nouveaux que l’accroissement de l’activité pose, comme trouver une solution pour réserver des stocks de produits par échoppe, pour mieux les répartir entre tout le monde.
A LONG TERME CA CHANGE QUOI ?
La crise comme accélérateur
Avant le confinement Jonathan avait décidé de faire évoluer et grandir son projet : s’organiser pour proposer son modèle à des marchés de producteurs, des communes, changer de nom ("Du Web à L’Assiette" devient "Les Échoppes"), faire passer la fréquence des ventes de bimensuel à hebdomadaire, ce qui demande du temps notamment pour l’organisation des producteurs, qui sont actuellement en flux ultra tendu.
"Tous ces changements sur lesquels j’étais parfois un peu frileux, je prenais mon temps, là aujourd’hui il faut y aller, il faut avancer”.
En effet, outre que l’accroissement de la demande exige de se développer plus vite, avec la fermeture des marchés de plein vent, des groupes de producteurs s’adressent à lui pour organiser une Échoppe à la place.
CE QUI MOTIVE ?
Jonathan prépare l’échoppe, sur une place habituellement vivante, là, il y a un silence de mort, et des gens immobiles qui font la queue au petit supermarché. Puis les producteurs et les clients arrivent, et même avec les distances, même avec une queue espacée de 3 mètres (certains font du zèle) l’ambiance se crée et tranche fort avec la queue pour le supermarché. Pour la suite, l’après, il se doute bien que les ventes vont redescendre en partie, certains en reprenant le rythme de vie habituel, ne viendront plus.
“Mais je reçois aussi beaucoup de messages de remerciements, même de gens qui ne consomment pas : “ Merci pour ce que vous faites ! c’est ce que je reçois le plus en ce moment”.